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lundi 8 avril 2013

● À partir de quel âge on peut expliquer à un enfant qu'il a un QI élevé ?



L'être humain est un "animal social" et les "petits d'hommes" sont très observateurs ; d'ailleurs ils grandissent, et apprennent, pour beaucoup, par l'imitation, et cherchent en permanence, et ce dès les premiers mois, a rapprocher leur comportement de celui de leur entourage. 
A fortiori, un enfant au Qi élevé, dont la perception du monde se développe précocement, prend donc très tôt conscience d'une différence, entre lui et ses camarades. Mais, et c'est là la source de beaucoup de difficultés, cela se produit sans qu'il puisse comprendre la nature de cette différence
En collectivité, il peut observer au quotidien que ses réactions sont différentes de celles des autres, mais ce qu'il perçoit le plus clairement, c'est l'afflux d'émotions qu'il ressent en lui ;  c'est sa colère quand un camarade bouscule un bel agencement, c'est son angoisse face à la séparation dont il mesure mieux que d'autres la durée et le risque qu'elle devienne définitive, c'est l'envie incoercible qui lui prend de faire autre chose que le groupe, quand il a eut le temps de finir son puzzle avant que l'assistante maternelle n'ai eu le temps d'en distribuer à chacun, etc. 
Malheureusement, lorsqu'il est submergé par ce type d'émotions, une réponse courante de l'entourage scolaire est de le traiter de bébé, de qualifier d'immature son comportement, de lui renvoyer une image négative, en le comparant à d'autres, peut être moins conscients, et d'apparence plus tranquille.
Il se construit alors, en ayant très tôt de lui, l'image de quelqu'un en décalage, et en décalage négatif par rapport aux autres. 
Il traduit donc imanquablement ce sentiment d'être différent, comme une bizarrerie, comme quelque chose qui l'éloigne des autres, et qui n'est pas le comportement adéquat. Or, différent il est  et, malgré ses efforts pour rapprocher son comportement de celui des autres, il n'y parvient qu'imparfaitement, ce qui accentue son sentiment d'être incapable. C'est cet enchaînement qui le conduit inexorablement à développer une estime de soi, fragile, voire défaillante.
On voit donc, comment se referme très tôt, le piège d'une mauvaise estime de soi dont on sait les effets dévastateurs qu'elle peut avoir sur le psychisme et sur l'adaptation en général. C'est pourquoi, une connaissance de son fonctionnement, la plus objective, et la plus complète possible, exposée sans tabou, mais adaptée à l'âge de l'enfant pour s'assurer qu'elle puisse être bien comprise et bien intégrée, me semble absolument salutaire et indispensable dans le cas des enfants doués. Non seulement, le décryptage de leur fonctionnement, adapté dans sa forme mais sincère et authentique sur le fond, doit être très tôt transmis aux enfants, mais il doit également être "re-dit", réitéré régulièrement pour signifier à l'enfant la cohérence et la stabilité de son "être au monde et s'assurer qu'il n'a pas "refoulé" l'information gênante de sa (relative) singularité. En effet, contrairement à ce que le terme de précoce laisse croire à qui y trouve une promesse de salut, l'intelligence ne disparait pas avec l'âge et, sauf accident de parcours majeur, les petits enfants précoces deviennent des enfants précoces, puis des adolescents surdoués et enfin des adultes surdoués ; leur offrir l'intelligence de leur fonctionnement c'est leur faire un cadeau extraordinaire, c'est leur donner les clefs de leur propre royaume et leur éviter de se tendre à eux même les pièges et les chausses-trappes qui guettent ceux qui ne se connaissent pas.
Cependant, à fortiori pour les jeunes enfants, la notion de QI en tant que mesure du "combien" de l'intelligence n'est pas une réponse suffisante, ni adaptée à ce sentiment d'étrangeté et de décalage. L'explication doit, sans cependant jamais occulter qu'un QI élevé signe une intelligence(1) élevée (le contraire n'étant pas forcément exact…) selon moi, également porter sur  le "comment" de l'intelligence, et sur ses intéractions avec la personnalité et l'environnement.
On évoquera plutôt la différence sous un angle qualitatif a travers des notions  de centres d'intérêts, de capacités de concentration, de vivacité de pensée, de sens de l'observation,de gout pour les mots et les phrases et des ressources qu'elles procurent pour dire le monde.  Cependant, dans la notion de qualitatif j'ajoute la notion de singularité, de rareté, qui doit répondre positivement au sentiment d'étrangeté que ressentent, plus ou moins confusément, mais de manière systématique, les enfants surdoués.
Il est fondamental de rassurer l'enfant doué sur la justesse de sa perception ; en effet, il ne réagit pas tout à fait comme la plupart des autres : en effet il a un mode de fonctionnement qui le différencie de ses camarades, en effet il est légitime qu'il se trouve différent et cela ne doit pas l'inquiéter car ce sentiment repose sur des données objectives ; l'examen psychologique a montré qu'il ne donnera pas les mêmes réponses que les enfants de son âge quand on l'interroge, il se trouve que ses réponses sont assez voire très rares, mais elles sont, en même temps d'une grande exactitude et correspondent parfaitement aux questions qui étaient posées, simplement, en classe notamment, il peut observer que souvent ses camarades ne connaissent pas ce genre de réponses et peuvent en donner d'autres, pas forcément fausses mais peut être moins précises ou qui correspondent davantage à leur âge ou à leur niveau de connaissance du sujet et qui sont parfois tout à fait ce que leur demande le professeur. Il me semble important également de rappeler que cette "belle intelligence qui fonctionne" bien est un allié solide et fiable, qui le suivra toute sa vie mais que cela ne le rend ni meilleur que les autres, ni infaillible et qu'il devra s'appliquer et travailler pour continuer à apprendre et à "nourrir son cerveau". Et…suivant l'âge je glisserais sans doute aussi, soit à l'enfant soit aux parents que, dans le fond, ce potentiel appartient à l'enfant et que lui seul a le droit fondamental d'en disposer et donc, éventuellement de le gâcher si tel devait être son souhait, mais qu'il appartient aux parents de s'assurer , sans pression mais avec beaucoup d'écoute et d'adaptation, de fournir toujours à l'enfant le meilleur terreau possible.

(1) telle que mesurée par le test